Pour cette "Peau d'Ane", Jean-Jacques Fdida a puisé dans la tradition orale et populaire de plusieurs pays d'Europe où cette histoire était connue, bien avant que Perrault l'adapte, sous le nom de "Toutes-Fourrures", "Peau-de-Mille-Bêtes", "Pé d'Ane", "Peau d'Anon", "Peau d'Anesse"...
Voici donc une version qui offre plusieurs contes en un. On retrouve entre autres le désir incestueux du père pour Peau d'Ane, mais exprimé de manière plus cachée, ainsi que des références à Cendrillon. Ici Peau d'Ane est plus sauvage, plus "animale" et donc plus intéressante, par le mouvement d'attraction-répulsion qu'elle engendre. Dans cette histoire, ce qui m'a fasciné, c'est la déchéance de Peau d'Ane, qui passe de fille de roi à souillon des cuisines et sa métamorphose inverse. Le fait aussi que le Prince ne reconnaisse pas la jeune fille lorsqu'elle porte sa vilaine peau laisse place à de nombreux commentaires car cet homme n'est-il pas bien stupide qu'il ne sait reconnaître la beauté derrière un vêtement... Finalement, ne juge-t-il pas sur l'apparence comme nous avons tous tendance à le faire ?
Enfin, la mise en musique (Jean-Marie Machado) et en images (Nathalie Novi), la talent de conteur de Jean-Jacques Fdida finissent de faire de ce livre-cd une réussite. Cela peut-être aussi l'occasion de voir et revoir la version cinéma de Demy.
Peau d'Ane, Didier Jeunesse, 23.50€
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