En cette époque où "le sujet numéro un des français" serait "le pouvoir d'achat", je ne résiste pas à l'envie de fredonner les paroles de La complainte du progrès.
Avec quelle fraîcheur et délicieuse ironie son auteur, Boris Vian, se lance dans l'inventaire d'appareils électroménagers, dont les noms revêtent un prosaïsme aujourd'hui des plus concertants ou une persistante poésie comme mon préféré, le "chasse-filou". Vian semble s'amuser de cette fascination pour les objets, souvent inutiles, qu'accompagnait l'avénement de la société de consommation en France dans les années 50. Pas dupe et visionnaire, il se moque gentiment de ces nouveaux besoins d'achat et prévoit déjà les néfastes conséquences du matérialisme consumériste sur les rapports humains.
C'est bien ainsi qu'il commence :
"Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Maintenant c'est plus pareil
ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
Ah Gudule ! Viens m'embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire, un joli scooter, un atomixaire et du dunlopillo...."
La complainte du progrès ALBUM+CD, paroles de Boris Vian et illustrations de Lynda Corazza, collection dirigée par Philippe Meyer, éditions du Rouergue / Radio France, 19.50€
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