Le blog des minots

Chercher la petite bête

Il y a du nouveau dans les livres-jeux et c'est tant mieux, avec deux albums qui dynamitent le genre du célébrissime "Où est Charlie ?".
Le dernier paru, Cherche la petite bête, par les illustrations très graphiques de Delphine Chedru, réjouit les pupilles des petits et des grands dans une explosion de formes géométriques, de couleurs, à la manière de motifs parfois presque psychédéliques.

Le deuxième, sobrement intitué Où, propose à l'observateur de chercher des clés dans dans un fouillis d'objets, de formes diverses, pêle-mêle artistique et étrange où l'on peut voir des immeubles avec des oreilles, des kangourous à skis et des femmes avec des tortues en guise de coiffe.
A contempler aussi sur le site de l'illustrateur Séverin Millet http://www.severinmillet.com/

Cherche la petite bête, Delphine Chedru, Naïve, 14€
Où, Séverin Millet, Seuil Jeunesse, 16€

Pendant les vacances scolaires

La librairie Les Minots sera fermée exceptionnellement du mercredi 5 au mardi 12 mars inclus.

La disparition d'Anastasia Cayne

Habillée de noir de la tête au pied, Anastasia a un goût prononcé pour le bizarre, l'étrange et les idées apparemment morbides mais c'est une personne drôle, rieuse, cultivée (elle aime Rimbaud, Kerouac, Baudelaire etc) et très créative (elle rédige des fausses nécrologies sur les habitants de sa ville, des petits cartes à énigmes). Elle entraîne dans son univers le narrateur de cette histoire, un garçon qui se dit "fade comme un verre d'eau". Il découvre alors l'amour, les livres et un certain goût du risque, comme celui de traverser la nuit, un lac gelé. Un matin, les parents d'Anastasia viennent lui annoncer la disparition de leur fille. Le garçon commence alors à recevoir des messages codés que seule Anastasia est susceptible de lui envoyer...

Je vous préviens : il s'agit là d'un roman qu'on ne lâche plus une fois commencé.
Anastasia est une héroïne fascinante que l'on a du mal à quittter. Dans l'univers uniforme du lycée, à un âge où l'on tend parfois à gommer ses différences pour être mieux accepté, elle montre qu'une voie originale, sans souci du regard des autres, est possible. Ce mouvement d'acceptation de soi, si libérateur, semble fondé sur l'audace mais aussi sur l'appréhension d'un monde tout en nuances et en paradoxes. "Méfiez-vous des apparences" nous murmure Anastasia.

La disparition d'Anastasia Cayne, Gregory Galloway, Albin michel Wiz, coll Suspens, 15€

Fragments d'un discours amoureux

Après Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ? et Mademoiselle Zazie veut un bébé, voici la suite des aventures de cette petite rousse espiègle avec Les baisers de Mademoiselle Zazie.
Cette fois, Zazie demande à Max, son amoureux, de l'attendre sur les marches de l'escalier qui mène aux WC  pour qu'elle puisse le trouver facilement au cas où elle aurait envie de lui donner un baiser. Max accepte car il aime ça, les baisers de Zazie, mais patiente en vain : Zazie ne revient pas. La récréation suivante, rebelote. Et Max de soupçonner que Zazie se moque de lui...
Dans cette histoire, Max apprend plusieurs choses essentielles :
1) Les relations amoureuses peuvent tourner au rapport de force
2) Aimer rime avec liberté
3) Aimer, ce n'est pas perdre sa personnalité
4) Les filles aiment les garçons qui ont de le personnalité

L'analyse du discours amoureux dans un style très amusant et des illustrations faussement naïves. Enfin à portée de de tous, dès 6 ans.

Les baisers de Mademoiselle Zazie, Thierry Lenain / Delphine Durand, Nathan poche, 5.35€

Je suis pas petite

La bd jeunesse est pleine de créativité, à l'image de ces bd "auteur" et autres romans graphiques à destination des plus grands. Je suis pas petite de Bruno Duhamel, ne dément pas la tendance, loin s'en faut, avec une héroïne attachante mais pas bébête, malicieuse et parfois un peu moqueuse. Bibi, c'est son nom, a des préoccupations narcissiques de petite fille comme choisir un amoureux ou embêter Isidore, le fils du voisin, mais elle est aussi curieuse des autres, se confronte à un monde différent, à travers des voyages en Afrique ou en Inde. Ses aventures ont ainsi la fraîcheur des premières expériences que les jeunes lecteurs auront sans doute envie de s'approprier !

Je suis pas petite !!!, Bruno Duhamel, La boîte à bulles, 12.50€

Atelier créatif samedi 16 février aux Minots

Avec les éditions Usborne, nous organisons un atelier créatif samedi 16 février à 15h pour se maquiller, créer des déguisements et faire la fête !

L'animation est destinée aux enfants à partir de 6 ans et gratuite sur inscription via le mail, le téléphone ou en vous rendant à la librairie. La présence d'un adulte accompagnant est obligatoire.

Les Minots - 121 rue du Château - 75014 Paris - tél 01 43 20 95 85

Les leçons de "morale" de Salpote

Avec sa coupe de néo-punk, son ton familier et son style très direct, Salpote est un professeur de savoir-vivre au sens large, qui dépote. "Chef de chantier des travaux de décrassage de ton cervelet", il n'hésite pas à t'appeler "microbe", "sac à crottes de nez" pour attirer ton attention et enfin te faire réfléchir. Ce qui marche d'abord ici, c'est que Salpote ne cherche pas à être gentil, à plaire : pour sortir du conformisme intellectuel, il faut d'abord sortir de son petit confort. L'humour et le second degré permettent de nuancer le propos, lui donnent  la profondeur nécessaire. Par exemple, dans Conjugue l'être et l'avoir avec Salpote, après avoir fustigé notre consumérisme outrancier, Salpote succombe aux jeux de l'apparence qu'il condamnait, usant même de ruses pour emprûnter à un ami l'accoutrement banché dont il a besoin pour aller à une fête.
En manquant parfois de volonté pour mettre en pratique ce qu'il enseigne, Salpote se révèle plein de contradictions et donc terriblement humain et attachant. Comme nous.

4 titres dans la collection :
Salpote t'explique le respect / Conjugue l'être et l'avoir avec Salpote / Salpote te met au régime / Salpote t'aide  à préserver la planète, Claudine Desmarteau, éditions Thierry Magnier, 9€ le livre.

Sur les chemins

Bravo à cette petite maison, Passage Piétons, pour ce vrai pari éditorial, cette folie douce que représente  la revue Utile, judicieusement sous-titrée L'Inutile nécessaire.
Il s'agit d'une revue thématique, abordant les arts sous toutes leurs formes, qui se propose d'explorer une notion tous azimut. Extraits de romans, poèmes, dessins d'enfants, photographies, chronologies, sont autant d'entrées que le lecteur peut choisir ou non de suivre. L'expérience du lecteur est en partie retranscrite dans cette citation de Bachelard en exergue dans le catalogue : "Nous avons bien souvent été attiré par des pensées en fragments, par des pensées qui ne prouvent pas, mais qui, en des affirmations rapides, donnent à la rêverie des impulsions sans pareille".
Par ailleurs, ce savoir hétéroclite n'est pas estampillé "jeunesse". C'est jubilatoire de voir se cotoyer ici Colette, Yourcenar, Le petit Poucet, des oeuvres d'enfants et Nietzsche.

Je reprends d'ailleurs ici un extrait d'Ainsi parlait Zarathoustra (qui aurait dit qu'un jour, je citerais Nietzsche sur ce blog consacré à la littératire jeunesse !), qui figure dans le numéro consacré au Chemin et que je vous livre en guise de voeux pour cette nouvelle année :

"Je suis arrivé à ma vérité par bien des chemins et de bien des manières : je ne suis pas monté par une seule échelle à la hauteur d'où mon oeil regarde dans le lointain. Et c'est toujours à contrecoeur que j'ai demandé mon chemin, - cela me fut toujours contraire ! J'ai toujours préféré interroger et essayer les chemins eux-mêmes".

Numéros déjà parus :  1+1=3, Du fil, Chemin et Progrès de l'âge.
Utile, éditions Passage Piétons, 47€ le numéro.
www.passagepietons.fr

Dans moi

Dans moi, c'est peut-être parfois aussi comme dans vous, un monde où les mots n'existent pas, où l'identité ne peut se définir car y réside un ogre, qui me ressemble, "en plus grand, plus gros et les lèvres bleues". Dans moi, c'est "un pays sans bruit".
Alors, en acceptant de se mesurer à l'ogre, en comprenant ses peurs, on conquiert les mots pour se dire. C'est parfois douloureux mais toujours libérateur.
Un album sur la construction de soi, qui trouvera écho chez tous ceux qui n'ont pas fini de se découvrir (et tant mieux!). Avec l'étrange poésie des illustrations de Kitty Crowther.

Dans moi, Alex Cousseau, Kitty Crowther, édtions Memo, 16€

Mon beau sapin

Le thème du sapin de Noël n'est certes pas nouveau en littérature jeunesse. Rappelez-vous le conte cruel d'Andersen où un sapin orgueilleux, en quête de gloire, après avoir vécu le grand soir de Noël, illuminé et admiré, finit misérablement en petit bois pour le feu.

En ces temps où nous nous soucions beaucoup d'écologie, le sapin devient le symbole d'un combat moderne et alimente le débat suivant : vrai sapin, sapin en plastique ou pas de sapin du tout ? La réponse écologiquement correct est de se priver de sapin ou de replanter l'arbre après usage, cette option n'en étant pas vraiment une pour nous autres citadins.

Sacrifier le sapin donc mais quid des traditions ? Dans Je veux un vieux Noël, un jeune garçon, désespéré que ses parents écolos aient supprimé l'arbre de Noël, se réfugie chez sa grand-mère. Dans ce rafraichissant petit roman à contre-courant, on se moque gentiment des bonnes intentions, des sapins en pochoir et des décorations à fabriquer soi-même. Le sapin reste donc un ingrédient essentiel de la magie de Noël et d'ailleurs, comme le notent les enfants avec leur sens pratique, sans lui, où donc le Père Noël mettrait-il les cadeaux ?

Le sapin, Hans Chritian Andersen, René Mettler, Gallimard Jeunesse, 11€

Je veux un vieux Noël, Irène Cohen-Janca, Caroline Dall'ava, éditions du Rouergue, 6.50€