Le blog des minots

La petite princesse de Noël

Qui ne connait pas Chien Bleu, ce mythique ablum de Nadja qui fascine les enfants depuis deux générations déjà ? En plus de réinventer des contes dans la plus pure tradition, Nadja sait aussi manier l'impertinence, notamment avec la série "La petite princesse" qui dynamite le genre "histoire de princesses". Après L'horrible petite princesse si monstreuse de méchanceté et La petite princesse nulle, si godiche qu'elle fait un peu pitié, voici La petite princesse de Noël dont la crainte est de ne pouvoir faire plaisir à tout le monde. Avec ses petites princesses là, nos défauts ne sont pas stigmatisés, au contraire ils font de nous des êtres uniques, dignes d'être aimés. Ainsi la petite princesse de Noël, généreuse à l'excès, finit-elle par se marier avec le Père Noël.

Les personnages s'expriment dans des bulles, les dialogues sont savoureux et les dessins désopilants. L'humour de Nadja, mordant sans être méchant est juste ce qu'il nous faut à tous pour rire sous la pluie de cette fin novembre.

La petite princesse de Noël, Nadja, Ecole des Loisirs, 12.50€ - A partir de 5 ans.

Lecture et chansons

Pour la dernière fois de l'année, France raconte des histoires aux 4-6 ans samedi 2 décembre à 11h. Il reste peu de places aussi ne faut-il pas tarder à vous inscrire en m'envoyant un message ou en appelant au 01 43 20 95 85.

Les ateliers lectures se poursuivront dès janvier. Bientôt sur le blog  le programme des prochaines dates.

C'est pas tous les jours Noël

ça y est, la sélection des indispensables de Noël 2006 est disponible à la librairie.

Vraiment, si cette année le Père Noël n'offre pas de livres, je me demande ce qu'il faudra bien faire pour le convaincre que oui, les livres sont des cadeaux dignes de faire rêver les enfants et qu'ils ne se limitent pas au dictionnaire austère ou l'encyclopédie rébarbative que la grande tante aime offrir "parce que c'est utile". Donc cette année, il y a pléthore de livres animés avec des pop-up, des tirettes, des choses qui sautent au visage quand vous tournez les pages. Il y a des albums de grandes dimensions comme le dernier Ponti et j'entends déjà les grincheuxs se plaindre : "mais où va-t-on les ranger ?". Il y a des livres-cd parce que même si Papa y met tout son coeur, c'est sympa aussi quand c'est Gérard Philippe ou Claude Br&asseur qui raconte des histoires. Il y a des documents sur les dinosaures bien sûr mais pas seulement. Il y a des romans qui ont du style et qui enthousiasmeront jusqu'aux irréductibles de la lecture. Bref, on trouve TOUT à la libaririe Les minots. Aussi, un petit conseil au Père Noël si je peux me permettre : ne t'y mets pas au dernier moment et commence tes courses maintenant, c'est quand même plus agréable !

Le Petit Larousse illustré, 34.50€

Bescherelle Conjugaison, 7.90€

Imprimé en Chine

En toute franchise, une des petites angoisses du libraire à un peu plus d'un mois de Noël n'est pas (seulement) que le Père Noël ne vienne suffisamment remplir sa hotte chez lui. La question première est souvent : est-ce que je vais avoir, en quantités suffisantes, les livres qui auront été médiatisés, supportés par le marketing, les best-sellers qui se vendent tout seul ? Bien sûr, j'ai concocté une sélection originale, subtile, personnelle de mes coups de coeur que je brûle de vous faire connaître, mais soyons lucide, il y en aura toujours qui passeront le seuil de ma porte pour demander Le livre que leurs enfants réclament, eux-mêmes sensibles aux sirènes de la culture de masse, et rien d'autre. Ils doivent acheter "Dora", la petite en est fan, ou l'album "d'Azur et Asmar", le film est si beau. Ne voyez surtout pas là de mépris de ma part; les livres plébiscités n'ont rien de honteux, sont souvent de qualité.

Ce qui menace le libraire lorsque tout le monde se met à vouloir acheter la même chose en même temps, c'est la rupture de stock. Là encore, il n'y a pas de problème : il suffit de faire une commande de réassort. Tout va bien excepté lorsque l'éditeur est lui même en rupture. Il peut réimprimer, me direz-vous mais avez-vous regardé où la plupart des albums jeunesse (animés, pop up, avec tirettes) sont imprimés ? En Chine. En Malaisie. Les délais de réapprovisionnement sont longs et vous risquez ne pas être livrés à temps et donc de manquer des ventes. Parce que vous êtes un petit libraire, une petite goutte dans l'océan de consommation, que vous ne disposez pas de beaucoup de trésorerie financière, vous n'avez pas pu commander en dizaines d'exemplaires Azur et Asmar mais les magasins de grande enseigne, eux, oui. Alors que vous vous battez pour faire découvrir des auteurs, vous ratez des ventes plus faciles au profit de "Gros" qui s'enrichissent ici encore plus facilement. Alors, vous vous battez toujours, avec l'aide d'un représenantant compréhensif et vous essayez de vous débrouiller pour être dans le coup au moment de la réimpression.

Question subsidiaire : Pourquoi imprimer en Asie ? Pour compresser les coûts et publier un livre au meilleur prix. Pour une meilleure adéquation du prix du livre à notre porte-monnaie. Parce que les livres sont chers, c'est bien connu, mais au même prix partout en France, c'est l'occasion pour moi de le rappeler. Que vous l'achetiez dans une grande enseigne ou chez votre petit libraire préféré.

Contes des 1001 nuits

Cette fin d'année voit la publication de deux recueils de contes des mille et un nuits chez deux éditeurs, le Père Castor et Milan Jeunesse. Simple coïncidence ?  Allez savoir mais le jeu des comparaisons est tentant. Les deux albums sont bien écrits, ce qui n'est pas évident car parfois l'adaption de contes célèbres laisse à désirer. Avec l'adaptation de Michel Laporte pour le recueil du Père Castor, l'écriture est fluide et les textes rendus accessibles aux plus jeunes. Dans le second, le vocabulaire est plus difficile, le travail d'adaption moins poussé.  Prenons un exemple, celui où Ali Baba, alors dans la fôret, voit pour la première fois approcher les bandits.

Dans le 1er album, on lit : "Un jour qu'il était dans la forêt, Ali Baba aperçut un gros nuage de poussière qui venait vers lui. En regardant attentivement, il distingua une troupe de cavaliers armés. Ali Baba comprit que c'étaient des voleurs. Pour sauver sa vie, il monta vite sur un gros arbre d'où il pouvait voir sans être vu."

Dans le 2nd : " Un jour alors qu'Ali Baba avait pénétré au coeur de la forêt pour trouver du bois sec, il aperçut soudain bon nombre de cavaliers avançant droit sur lui : "Que font-ils dans la forêt ? se dit-il. Ce sont certainement des voleurs qui veulent m'attaquer moi aussi !". Pour ne pas être vu, il poussa ses mulets dans les fourrés et grimpa en haut d'un arbre qui se trouvait près d'un gros rocher plat. Le feuillage épais le dissimulait complètement, mais lui pouvait contempler toute la scène".

Quant aux illustrations, elles sont magnifiques dans les deux albums mais très différentes : pour le premier, l'illustratrice Charlotte Gastaut dont on pouvait déjà apprécier le talent dans Ce qu'il y avait sur l'image édité l'année dernière aux éditions Thierry Magnier, modernise le thème avec des couleurs éclatantes ; dans le second, Olga Dugina, telle une miniaturiste, travaille le détail avec brio, dans un style néanmoins classique. Enfin les deux albums ne s'adressent peut-être pas à la même classe d'âge, le premier pouvant être lu à des enfants de 5 ans et les contes choisis ne sont pas les mêmes, exceptés l'incontournable Ali Baba.

En conclusion, à vous de choisir !

Contes des mille et une nuits, Michel Laporte / Charlotte Gastaut, les albums du Père Castor, 15€

Les plus beaux contes des Mille et Une nuits, illustrés par Olga Dugina, Milan Jeunesse, 16€

Dans la rue

Sans-doûte avez-vous déjà été confronté aux interrogations d'un enfant face à la détresse des sans-abris. Alors que vous vous pressiez de rentrer ou, au contraire, que vous vous promeniez tranquillement, vous croisez le chemin d'un homme, d'une femme, "sihouette furtive" dont vous êtes hélàs accoutumés mais qui ne manquera pas d' émouvoir et d'interroger l'enfant: "Pourquoi le monsieur a des vêtements si abîmés" ? "Pourquoi parle-t-il tout seul ?" Pourquoi cette femme a l'air si triste ?" "Pourquoi nous demande-t-il une pièce ?".

Xavier Emmanuelli, président du Samu Social de Paris et Clémentine Frémontier racontent dans l'album illustré par Olivier Tallec, Dans la rue, les destins de Kamel, qui dormait sur le périph, de Jean-Claude qui vivait dans l'extrême précarité et sans domicile fixe, de Marie qui avait des problèmes avec l'alcool et de la famille L. qui avait émigré illégalement. Sans misérabilisme, ils tentent de répondre aux plus jeunes, à travers des histoires certes difficiles mais dont l'issue est positive grâce à l'action du Samu social. Ils montrent que l'exclusion peut frapper n'importe qui mais qu'elle n'est pas une fatalité, qu'on peut agir pour la combattre, qu'il n'est pas vain de tendre la main.

La justesse du ton fait ce cet album un indispensable pour tous eux qui souhaitent dire à la prochaine génération que L'exclusion n'est pas inéluctable.

Dans la rue, Xavier Emmanuelli et Clémentine Frémontier / Olivier Tallec, Le baron Perché, 15.50€

Les minots ouverts le samedi 11 novembre

Votre librairie jeunesse préférée sera ouverte le samedi 11 novembre toute la journée aux horaires habituels, soit de 10h30 à 19h. Venez me rendre visite !

Alice au pays de merveilles et Peter Pan : le retour

La littérature jeunesse nous offre actuellement deux récits autour de célèbres livres dont on peut dire qu'ils font partie du patrimoine culturel des enfants.

Geraldine McCaughrean a été sélectionnée parmi plus de 100 écrivains à la suite d'un concours pour inventer la suite "officielle" de Peter Pan, écrit par J.M. Barrie il y a près d'un siècle. Dans L'habit rouge de Peter Pan, on retrouve d'abord avec plaisir les anciens compagnons de Peter Pan dans leur vie d'adulte. Ils vivent normalement excepté la nuit : ils rêvent du "Pays Imaginaire" où il semble se passer quelque chose de bizarre. Ils décident de s'y rendre et découvrent que la fée Clochette et tous les enfants perdus ont disparu ! Ils embarquent alors pour de nouvelles aventures à bord du bâteau abandonné du capitaine Crochet et accompagné bien-sûr de Peter Pan. Ce dernier se comporte de façon étrange, souvent avec cruauté et égoisme, ce qui ne manque pas d'inquiéter Wendy et a fini par me lasser, personnellement.

Le 1er tome des Guerres du Miroir intitulé Alice en exil n'est pas la suite d'Alice au Pays des merveilles de Lewis Caroll mais serait la "véritable" histoire d'Alice. L'auteur, Frank Beddor, part de cette idée géniale : Alice Lidell, pour qui Lewis Caroll a écrit "Alice au pays des merveilles", serait née et aurait vécu au Pays des merveilles. Elle l'aurait décrit à Lewis Caroll, alors qu'elle se serait retrouvée par hasard dans notre monde. Le révérend s'en serait inspiré pour écrire le fameux Alice au pays des merveilles que nous connaissons mais en dénaturant le récit d'Alice, en en faisant selon l'interessée, un conte presque insipide. Car la réalité d'Alice au Pays des merveilles est toute autre, plus violente avec les combats qu'il faut mener contre la tante Red mais curieusement plus "réelle". On quitte ici le domaine du merveilleux pour celui du fantastique.

Je vous préviens : vous ne lâcherez pas ce livre une fois commencé. Le rythme est trépidant, les personnages attachants parce qu'ils vivent des moments difficiles dont ils savent puiser force et courage.

L'Habit rouge de Peter Pan, Géraldine McCaughrean, Pocket Jeunesse, 16.50€ - à partir de 10 ans

Les guerres du miroir, t1 : Alice en exil, Frank Beddor, Bayard Jeunesse, 15.90€ - à partir de 12-13 ans